[En route vers la bouée de dégagement... Photo du roi de la baie de Douarnenez, Gildas Hémon/Kerys]
[Avec un peu de retard, voici le récit en trois épisodes du Mini-Fastnet...]
Ce lundi matin, tandis que nous prenons notre petit-déjeuner à Sainte-Marine, où nous logeons, nous sommes encore persuadés, avec Stevan', que nous partons pour le Fastnet. Un coup de fil en provenance de Douarnenez nous annonce, 1h30 avant le briefing, que nous irons finalement virer BXA, la bouée d'atterrissage à l'entrée de la Gironde : échaudés par l'annulation de l'an dernier, les organisateurs ont mis sur pied un "plan B" qu'ils ont décidé, au vu des dernières infos météo, d'utiliser. Cela ne fait guère nos affaires : d'abord parce qu'on n'a pas du tout travaillé le parcours, persuadés que nous étions d'aller en mer Celtique. Il faut refaire la nav et appeler le routeur, Jean-François Bonin, pour qu'il bosse en un éclair sur le nouveau parcours. Ce qu'il fait pendant que nous prenons la route.
A DZ, l'ambiance est cette fois au départ. Avec Stevan', nous mangeons tranquillement notre salade sur le ponton. Le bateau est fin prêt ; on est à peu près reposés ; tout va bien, je me suis rarement senti aussi zen avant un départ de course depuis longtemps. Une sérénité tout juste troublée par l'annonce par l'un des premiers concurrents sorti du port qu'il vient de trouver un noyé... Juste à côté de nous, le jeune équipage du 674 (Davy Beaudart/Sébastien Rogue), vainqueur du prologue, nous chambre un peu : nous lui rappelons que remporter le prologue porte malheur...
Dehors, le vent souffle à une quinzaine de noeuds, du NNO. Il fait beau, avec quelques nuages. Le coup de canon est donné vers 15h00. Une fois n'est pas coutume, nous prenons un bon départ, mais, rapidement gênés par Gedimat, le proto d'Erwan Le Roux et Daniel Souben, nous virons de bord pour aller vers la droite. Un bon choix, qui, après quelques recalages, nous permet de passer en 4e position, derrière notre concurrent habituel, le Tip-Top 616 de Sylvain Pontu et Damien Guillou, le Pogo 2 455 d'Antoine Debled et de Bertrand Castelnérac et le Dingo de Yann Sassy, nos concurrents directs de la Demi-Clé 6.50.
La suite est un long bord de reaching en direction du Raz-de-Sein : une allure qu'avec Stevan', on aime bien. Gêné par le Tip-Top, qui marche moins bien à cette allure que les Pogo 2, Antoine est obligé de passer par au-desssus et nous en profitons pour le dépasser par en-dessous. Le Dingo de Yann peine lui aussi à suivre le rythme : le reaching n'est pas l'allure favorite ce cette carène très ronde. Derrière, la meute est lâchée, avec notamment le Pogo 2 Galanz de Jeff Quelen et Thomas Le Breton (une star du Laser) qui plonge pour raser les falaises du Cap Sizun.
2008 Mini-Fastnet 1
envoyé par pylautrou
Le vent se renforce progressivement, le gennak monte, puis redescend quelques minutes plus tard avec le refus qui intervient lorsque nous passons au large du cap de la Chèvre. Nous approchons à grande vitesse, emmenés par le courant, du Raz de Sein, toujours à la bataille avec Galanz, qui serre la côte plus que nous. Au passage du Raz, il croise juste devant nous au moment où nous envoyons le spi (le medium, envoyé sur la drisse de tête est rapidement remplacé par le spi max), après avoir empanné pour faire route directe vers Penmarc'h. En fait le vent a déjà pris de la gauche et est déjà bien NO : nous ne parvenons pas à glisser directement vers le pays bigouden, il faut empanner, mais quand ? Au fond de la baie ? On a déjà gagné une fois à ce petit jeu, lors de la Demi-Clé, mais il ne faut peut-être pas jouer avec le feu. Beaucoup de concurrents n'ont pas empanné tout de suite, il ne faut pas les laisser partir, d'autant qu'on attend de la gauche.
Donc, on se recale vers le milieu de la baie d'Audierne et on a bien fait : ça passe bien par l'extérieur, on s'en rend compte en croisant juste devant nombre de bateaux qui étaient beaucoup plus loin avant le Raz... Antoine, Galanz, le 674, qui étaient à proximité, tardent à faire de même et perdent beaucoup de terrain. Sous grand spi, avec une grosse vingtaine de nœuds, les milles défilent à grande vitesse : il fait beau et il y a même des dauphins...
2008 Mini-Fastnet 2
envoyé par pylautrou
Passé Penmarc'h, le vent commence à reprendre de la droite, en tournant vers le nord, comme prévu. Avec le jour qui décline, nous ne pouvons à tenir le grand spi. Rapidement, nous passons sous gennak, et les vitesses continuent d'affoler le speedo : 20-22 nœuds à 110 degrés du vent : le Pogo 2 adore, et nous aussi. La plupart des concurrents tardent à affaler, et, ce que nous ne voyons pas, c'est qu'ils préfèrent glisser sous la route, ce qui est une bonne option : au matin, il y aura de la molle et il pourront lofer toujours sous grand spi pour revenir sur la route...
En attendant, nous sommes très content de notre choix : à 11 nœuds sur la route, Yeu (que nous devons laisser à tribord) se rapproche à grand pas. Et le lumières des concurrents disparaissent derrière nous... Sur la vidéo suivante, on voit bien qu'on y croit un peu trop... : trop sûrs de nous !
2008 Mini-Fastnet 3
envoyé par pylautrou
Pour rester à tout prix sur la route, nous naviguerons même une bonne heure sous solent, puis une heure encore sous code 5. Une erreur stratégique qui se paye cash : quand le jour se lève et que le vent faiblit en même temps qu'il revient à gauche et au NO, nous apercevons sous notre vent le Tip Top, Antoine et Oliver Bond, concurrent anglais sur le Pogo 2 438 : plus lofés sous spi, ils se glissent devant nous juste au passage de l'île d'Yeu. 1ers à la nuit tombante, 4èmes au lever du jour, cette première nuit n'aura pas été terrible... Mais, même si nous sommes allés très vite jusque là, la course est loin d'être terminée...