[Le 543 ancienne version dans la pétole... Photo Tanguy Leglatin.]
Nous voilà donc au près, bâbord amure, à tirer des bords vers le sud du plateau du Four, première marque à contourner avant de faire route vers les Birvideaux. Une partie de la tête de flotte est partie au large, les autres se répartissent entre la côte et moi. Pendant que je reprends mes esprits et que j'affine les réglages, le vent commence à refuser et à tourner vers la droite. J'attends un peu et je décide d'encaisser cette bascule. Un petit clic-clac vers le large et je repars bâbord amure... pour croiser loin derrière les bateaux qui étaient avec moi ! Ca commence bien...
Je décide de poursuivre à fond de droite, pour toucher le courant qui sort de la baie du Croisic et continuer à toucher la droite qui se poursuit. Cette fois l'opération est bonne et ça fait du bien au moral. Mais le vent tombe de plus en plus et j'approche péniblement de cardinale qui balise le sud du plateau du Four. En tout cas, je suis revenu sur le paquet de tête. Mais cette course s'annonce comme une sacré loterie...
A la bouée, le vent tombe complètement. Puis, il semble revenir par le sud-est. Je tente un envoi de spi, sans succès, il n'y a pas assez de vent. A m'agiter sur le bateau, je laisse passer une partie de la flotte. La nuit tombe, on est tous "collés à la piste"... Les heures passent, lentement. On essaye de repérer à qui appartiennent ces feux verts qui repartent vers le nord, ces feux rouges que l'on rattrape, ce feu blanc qui s'éloigne. Je grignote un peu, je bois beaucoup, j'ai la hantise de me déshydrater, comme cela m'est en partie arrivé avant...
Au milieu de la nuit, le vent rentre de sud-est : pas grand chose - 5 noeuds - mais les spis montent dare-dare, et je suis le premier à empanner. Ma stratégie, déterminée avec Jef Bonin et validée sur le ponton à quelques minutes du départ avec Tanguy, notre coach habituel qui nous entraîne chez AOS, est de me positionner à gauche de la flotte pour toucher en premier le flux d'ouest qui doit arriver en début de matinée. C'est aussi sur la gauche, plus près de Belle-Ile que de Houat et du chenal de la Teignouse, que les courants qui ont commencé à s'inverser pour s'opposer à notre progression doivent être les plus faibles.
Dans la nuit noire, je m'éloigne de la troupe des feux rouges qui continuent vers Houat et Hoêdic. Je suis en route directe vers les Birvideaux, j'ai moins de courant, je vais vite là où je l'ai décidé... : j'ai l'impression de jouer un très bon coup. Quand le jour se lève, j'en ai la confirmation. Je croise le proto de Thomas Ruyant (l'ancien d'Isabelle Joschke) et un seul bateau de série, le Gontran for ever de Davy Beaudart. J'en suis sûr; j'ai les cartes de courant sur les genoux, le courant est beaucoup plus fort à droite. PLus à gauche que Davy et moi, nous découvrons le 472 de Xavier Mocaire, détaché devant. Les Birvideaux sont devant, l'ordre de passage est là...
Et puis, allez comprendre,l'impeccable plan stratégique mis au point part en vrac total... Le vent nous quitte, il rejoint la droite du plan d'eau où toute la flotte, ou presque, passe tranquillement tandis que nous nous débattons avec la molle et de véritables tourbillons qui nous rendent dingos... Epuisé par une nuit passée à préparer le petit matin, démoralisé par le sort qui nous est jeté, je sens la migraine monter. Un énorme orage s'approche, le tonnerre gronde. Le vent d'ouest rentre enfin, vers 11h30 ce dimanche matin. J'ai réussi à me décaler un peu au vent de ceux qui m'ont rejoint.
Et puis là, ça devient carrément folklorique : la charge électromagnétique de l'orage est telle que nos centrales de navigation NKE ne résistent pas. Mon afficheur me lance trois splendides "panne" tandis que le pilote de met en carafe et déclenche l'homme à la mer ! Manquait plus que ça... Je descends demander conseil à la VHF à Davy, mon compagnon d'infortune qui me répond que c'est l'orage et que ça passe quand on éteint et qu'on rallume la centrale... Je me dis que c'est une blague, mais pas du tout. L'orage passé, tout fonctionne ou presque, la girouette et le vent réel m'indiquent des directions bizarres, mais bon... Entre temps, sans pilote, sous la pluie qui tombe dru, j'ai fait un joli 360 et encore perdu du terrain. Zen, restons zen...
Enfin, vers 12h00, j'enroule les Birvideaux en 12e position des bateaux de série, 50 minutes après le premier série, mon copain Benoît Sineau et plus de 2 heures 30 après le premier proto mené par Rémi Aubrun. Le vent est rentré, il fait gris, une autre course commence au moment où nous mettons le cap sur l'Ile d'Yeu.
Ordre de passage aux Birvideaux, dimanche 27 avril.
1) 10h 57 Benoit Sineau - Cachaca 579
2) 10h 59 Damien Guillou - Vida Pura 616
3) 11H 09 Ricardo Apollini - Ma vie pour MAPEI 426
4) 11h 26 Xavier Mocaire - Masoco Bay 472
5) 11H 35 Bertrand Delesne - Danfoss-Le Gall 569
6) 11H 37 Olivier Bond - Base Camp 438
7) 11H 37 Fabien Sellier - Yemaya 483
8) 11H 43 Goulven Royer - Traiteur de Paris 502
9) 11h 45 Sébastien Rogues - Kairos 552
10) 11H 47 Guillaume Le Brec - Galanz 612
11) 11H 48 Lionnel Rubio de Teran - Zébulon 488
12) 11h 49 Pierre-Yves Lautrou - Altaide Moovement 543