Dix jours après cette rugueuse Sélect 6.50, nous revoilà d'attaque pour la Demi-Clé : quatre jours de régate divisés en trois parties distinctes, avec une journée dans les Courreaux de Groix (1 banane, 1 côtier), un parcours offshore entre Locmiquélic, Belle-Ile et Morgat via le Raz-de-Sein, et un parcours côtier en mer d'Iroise au départ et à l'arrivée de Morgat.
Cette première journée s'annonce moyennement drôle : de la pétole et de la pluie annoncée toute la journée ! Mon équipier habituel, Stevan', étant indisponible pour cause de congé parental, c'est un remplaçant de luxe qui monte à bord d'Altaïde-Moovement en la personne d'Erwan Tymen. Directeur technique du chantier Structures - qui construit les Pogos, à Sainte-Marine - Erwan est un vieux copain avec qui j'ai couru le Mini-Fastnet en 2001 et participé à plusieurs National Pogo. C'est aussi, accessoirement, le vainqueur de la Transat 6.50 2003 en catégorie série... à bord d'un Pogo 2, of course.
La journée commence comme prévu sous la pluie et dans la pétole, dès la sortie du port. Et les ennuis commencent tout de suite : il n'y a même pas assez de vent pour aller chercher Erwan de l'autre côté de la rivière, je dois lutter contre le courant et je n'avance pas d'un iota pendant que les copains glissent vers la rade. Heureusement, un plaisancier sympa me remorque jusqu'à la base des sous-marins où mon bigouden d'équipier m'attend sous une pluie battante...
La première manche est une banane : départ moyen, dans une dizaine de nœuds de vent, avec un peu de clapot, à la première bouée, nous tentons de passer in extrémis, mais on emmène la bouée avec nous... Le temps de se décrocher, puis de réparer, et une bonne partie de la flotte nous passe. Le vent a pris beaucoup de droite et il n'y a pas des masses d'options à prendre pour le second bord de près. A la bouée au vent, en haut du parcours, nous empannons rapidement parvenons à gagner deux places. Résultat : 11e... Pas terrible, mais cela n'entame pas l'ambiance du bord.
La seconde manche est un parcours côtier dans les Courreaux de Groix (le bras de mer entre Groix et Lorient). Départ encore plus moyen, mais un bord de reaching nous attend pour atteindre la première marque, Bastresses sud. Nous envoyons le code 5, une voile intermédiaire entre le gennaker et le spi, qui nous permet de remonter une partie de la flotte. Le vent faiblit dangereusement. Le bord suivant est au près : nous décidons de glisser sous la flotte afin de privilégier la vitesse. Bonne opération, et nous décidons de pousser, comme le leader de la flotte, le Dingo 1 de Yann Sassy, Traiteur de Paris, d'aller au plus près de Groix. Il y a moins de fond, donc moins de courant et un peu plus de pression.
C'est tellement bon qu'on y retourne peu après avoir viré. Yann passe la balise Edouard de Cougy en tête et nous avons bien l'intention de lui emboîter le pas rapidement : la plupart des bateaux qui ont choisi de virer avant Groix, y compris les protos, sont loins ! Mais le vent décide de mollir encore plus à l'approche de la marque et un groupe compact revient par derrière. Avec le courant nous devons nous y reprendre à deux fois et laisser pas mal de concurrents passer. Tout est à refaire...
Le bord suivant est une vraie loterie dans la pétole : à quelques mètres de distance les uns des autres, nous n'avons pas le même vent. Une partie de la flotte décide de repartir à terre, l'autre tire vers le large. Nous choisissons cette dernière option, qui s'avère la bonne: nous reprenons des places. Un dernier bord de spi nous attend, dans la molle, mais nous parvenons à avancer. Une erreur de navigation (nous suivons les concurrents devant plutôt que de nous fier au GPS dans lequel nous n'avons pas entré la prochaine marque...) nous fait serrer le vent plus que de raison.
A l'entrée de la passe ouest, le vent tombe complètement. Nous tirons des bords sous spi si près du vent pour faire tenir les spis que nous nous croisons sur des routes opposées ! Le vent revient finalement par la gauche du plan d'eau, où nous nous trouvons. Une bataille d'empannage s'engage... et on se fait passer par Nicolas Bunoust et Antoine Debled sans trop comprendre pourquoi, puis par Sébastien Marsset et son Dingo sur de grossières erreurs de timing d'empannage. Un peu rouillé le duo ! Bilan, 6e... et des regrets pour plus tard. C'est Traiteur de Paris, désormais surnommé par nos soins le "Traiteur Intraitable", qui emporte à nouveau, et brillamment, la manche et prend la tête du général des bateaux de série.
Demain est un autre jour, celui du large, où nous sommes sensés être plus efficaces... même si la pluie et la pétole sont encore annoncées.